Communiqué de presse

Route ou train?
Est-il vraiment nécessaire de percer un second tube
au col de Tende ?

Col de Tende

La ligne de chemin de fer Nice-Breil-Tende-Cuneo a besoin d’investissements qui semblent introuvables, 29 M d’euros à court terme, plus 80 M d’euros pour sa pérennisation. Le coût du doublement du tunnel de Tende, lui, se monte à 258M d’euros et le projet a été validé. On se rend compte qu’il s’agit là, une fois de plus, d’un choix politique et financier qui va à l’encontre de toutes les résolutions officielles qui prônent le report modal de la route vers le rail. La circulation du train pour les habitants de la vallée a pourtant une importance indéniable.

La raison première affichée pour le projet de doublement du tunnel de Tende était la sécurité. Depuis l’accident du tunnel du Mont Blanc, les tunnels transfrontaliers ont été soumis à de nouveaux règlements et en fonction de ceux-ci le doublement à Tende a été considéré comme la seule solution permettant de sécuriser le tunnel sans arrêter la circulation. L’ANAS (le service des routes italien) avait cependant proposé il y a douze ans une méthode pour réaléser le tube existant en maintenant la circulation sur une seule voie pendant les travaux.

Or fin juin 2014, il a été décidé, en dépit du désaccord de tous les maires des vallées concernées, que la circulation serait interrompue cet été toutes les nuits de 22h à 6h, puis de 19h à 6h et deux jours entiers par semaine à partir de cet automne, et pour toute la durée de la phase du chantier de purge et de drainage des eaux . Les décideurs ne font ils pas là la preuve qu’ils ne tiennent pas leur « promesse » de trafic non interrompu, qui avait amené au choix du doublement ?

L ‘avis des maires n’a pas été pris en compte, pourquoi le serait il ultérieurement lorsque ceux-ci demanderont des mesures de restriction de la circulation, ni la route, ni la traversée des villages n’étant en état de recevoir l’accroissement prévu de 50% du flux actuel ?

Une partie non négligeable de la population refuse le projet de double tunnel en raison de l’augmentation du trafic routier qu’il va générer dans les vallées française et italiennes, avec ses conséquences sur la sécurité, la santé, l’économie, le tourisme….sans parler des inévitables aménagements ultérieurs qui risquent fort de transformer ces vallées en simple couloir de circulation rapide.

En ce qui concerne la sécurité, de très nombreux aménagements ont déjà été réalisés. Actuellement, le tunnel fonctionne en alternance de circulation et de ce fait sa largeur n’est plus un problème et les possibilités de collisions de véhicules en sens inverse sont supprimées.
Les rapports de sécurité sont favorables tout en relevant encore trois manques : l’absence de poste de pompiers permanent coté italien comme il existe en France ; la vérification de la réelle résistance au feu de tous les câbles d’alimentation ; enfin, si les caméras et l’ensemble du système de vidéo-surveillance et de commande sont bien reliés à un centre de surveillance à Turin, il manque encore le dispositif permettant depuis Turin d’activer les feux de fermeture du tunnel en cas d’accident.
Ces opérations sont réalisables sans un budget colossal et la sécurisation du tunnel actuel serait alors acquise.
Si le doublement n’était pas réalisé, un dispositif pourrait être mis en place comme cela est prévu dans d’autres tunnels transeuropeens pour permettre l’évacuation des usagers en cas d’incendie et ainsi pérenniser cette sécurisation au delà de la phase transitoire limitée à quelques années pour laquelle elle est assurée.

Alors pourquoi vouloir à tout prix un autre tube?

Le chantier confié à des entreprises italiennes depuis les appels d’offre est-il si important qu’il faille y sacrifier la vie des vallées ?
Peut on faire comme si la vallée de l’Arve n’était pas devenue un des territoires les plus pollués de France suite au trafic transalpin du tunnel du Mont Blanc, alors que ce même trafic risque de déferler au Tunnel de Tende s’il est doublé ?
Le système d’alternance de la circulation n’est il pas suffisant pour le trafic inter-régional que le tunnel est sensé permettre ?
Vaut il la peine pour éviter un quart d’heure ou une demie heure d’attente en été, de mettre en péril la santé et la sécurité des habitants, de procéder en plusieurs étapes à la destruction de paysages aussi remarquables et pittoresques ?
Sous la pression des lobbys des BTP, jusqu’où seront capables d’aller les Etats français et italien, qui pourtant prônent le report modal dans l’ensemble de leurs schémas de transport, pour faire croire que c’est un mal nécessaire ?
Les financements de ce projet pourraient être reportés sur le ferroviaire, ce qui permettrait de réaliser tous les travaux nécessaires à la pérennisation de la ligne Cuneo Breil Nice si chère à la population, y compris sa ré electrification qui optimiserait son potentiel.

Association Roya Expansion Nature