Lettre ouverte à Madame Ségolène Royal, Ministre de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie

                       Saorge, le 9 janvier 2015.

Madame la Ministre,

Nous revenons vers vous pour demander instamment la révision du projet de doublement du tunnel routier de Col de Tende. Nos arguments ont déjà été développés dans un courrier du 12 mai 2014, pour lequel nous n’avons reçu aucune réponse de vos services.

Nous aimerions que vous prêtiez attention à un projet dont le déroulement présente de grandes similitudes avec celui du barrage de Sivens.

Conception surdimensionnée en double tube au début des années 2000, enquête publique bâclée et vote de financement en 2007 : au moment où commencent les travaux, en avril 2014, cet équipement est déjà périmé.

Comme vous l’avez évoqué pour le barrage de Sivens, aujourd’hui, la décision de construction d’un tel ouvrage ne serait plus possible. Au regard des conditions nouvelles issues du protocole Transport de la Convention Alpine pour le report modal, des Plans de Protection de l’Atmosphère pour la pollution de l’air, des sites Natura 2000 pour la biodiversité, ce projet qui aurait pour effet d’augmenter le trafic routier international dans les Alpes, est en contradiction avec tous les principes établis de développement durable.

Présenté comme une opération de sécurisation des conditions de circulation, le doublement du tunnel que s’apprête à réaliser l’ANAS pour le compte de l’État français et de l’État italien, aurait un impact environnemental inacceptable. Nous affirmons qu’il est possible de sécuriser le tunnel existant, par un réalésage progressif et en conservant l’alternance, de manière à s’assurer qu’il n’y aura pas plus de passage de véhicules et de poids lourds dans les vallées adjacentes de la Roya et de la Vermenagna qui ne pourraient pas le supporter.

Cette alternative doit prendre appui sur la voie ferrée de la ligne Nice-Turin qui passe sous ce même col et qui a un potentiel que RFF et RFI s’évertuent à négliger en tergiversant sur le financement de la maintenance. La ligne rénovée pourrait assurer le report modal de façon efficace, en particulier sous la forme d’une route roulante lors des phases de réalésage du tunnel existant. Il est à noter que la ligne était électrifiée jusqu’en 1943 et que le coût de la rénovation serait deux fois moindre que celui du double tube routier.

Le Col de Tende pourrait alors devenir un site pilote et exemplaire pour le franchissement des Alpes.

Avec l’espoir que nos sollicitations répétées aboutissent à diligenter une expertise de votre ministère prenant en compte l’ensemble des données, pour que deux magnifiques vallées alpines abritant une biodiversité exceptionnelle ne deviennent pas un nouveau couloir à camions, nous vous adressons, Madame la Ministre, l’assurance de notre considération respectueuse.

Pour l’association Roya Expansion Nature,

Deux administrateurs: Joelle Chemallé et Leonor Hunebelle