Réaction aux rumeurs de modifications du projet du tunnel du col de Tende

La presse italienne s’est fait écho des questionnements de l’entreprise Edilmaco retenue par l’ANAS pour la reprise des travaux du doublement du tunnel, ceci après l’éviction de GL Fincosit pour fraudes et malfaçons.

un article de La Stampa intitulé ” Embrouilles au TendaBis, travaux à risques et le projet peut changer”

Pasticcio Tenda bis, lavori a rischio e il progetto può cambiare Polemiche tra il consorzio Edilmaco e l’Anas su tempi e costi

https://www.lastampa.it/cuneo/2019/11/03/news/pasticcio-tenda-bis-lavori-a-rischio-e-il-progetto-puo-cambiare-1.37824811

Les seules informations que nous ayons obtenues étant par voie de presse, nous avons écrit aux représentants de l’Etat pour leur faire part des inquiétudes de l’association.

Le contenu du courrier adressé au préfet de la Région PSUD et au préfet des Alpes-Maritimes est reproduit ici:

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Monsieur le Préfet,

Les travaux de doublement du tunnel routier du col de Tende, commencés en 2014, ont cumulé les erreurs et illustré la désinvolture avec laquelle l’ANAS, délégataire de la maîtrise d’ouvrage, a conduit les opérations. Cela a commencé par le déversement de milliers de mètres cubes d’eau sulfatée dans le milieu naturel, parce que les bassins de rétention prévus au titre de la loi sur l’eau n’ont pas été mis en œuvre en temps voulu; puis ont été découvertes les malfaçons et les détournements de l’entreprise prestataire, jusqu’à l’arrêt du chantier en 2017 et la résiliation du contrat par l’ANAS en 2018.

Tout récemment, l’entreprise arrivée deuxième dans l’appel d’offre initial, et sollicitée par l’ANAS pour reprendre le chantier, semble se rendre compte de l’ampleur des dégâts et des risques: elle a fait fuiter dans la presse italienne ses besoins de financements supplémentaires et ses propositions de révision du projet en le réduisant à un seul tube de circulation, mais plus large pour le passage dans les deux sens, le tunnel existant servant de galerie d’évacuation.

Cela va en partie dans le sens des revendications de notre association qui réclame depuis des années la révision du projet pour une sécurisation sans doublement et le report d’une partie du financement sur la rénovation de la ligne ferroviaire Nice-Cuneo.

Cependant, la révision du projet ne peut pas résulter d’un simple accord entre une entreprise et l’ANAS. Elle doit se faire avec une nouvelle étude d’impact, une nouvelle enquête publique et selon le résultat, une nouvelle DUP et un nouvel appel d’offres.

Nous mettons en garde depuis des années: toute augmentation de gabarit, que se soit sur un tube ou sur deux, conduira inévitablement à un accroissement du flux de véhicules et une pression des transporteurs internationaux pour supprimer l’interdiction de circulation des poids-lourds de plus de 19 tonnes.

La concertation avec le public et les collectivités territoriales sur ce projet est plus que jamais nécessaire.

Nous ne doutons pas que ces nouveaux éléments seront débattus au sein de la Commission intergouvernementale (CIG) pour l’amélioration des liaisons franco-italiennes dans les Alpes du Sud. Nous souhaitons qu’à cette occasion l’Etat reprenne le contrôle du projet et veille à ce que l’ANAS ne manipule pas l’entreprise pour lui faire accepter ce chantier à tout prix et éviter ainsi un nouvel appel d’offre.

Ce projet est emblématique de l’écart entre les discours officiels gouvernementaux sur le développement durable et les actes sur le terrain. L’Etat investit dans une infrastructure routière surdimensionnée, source de pollution par sa construction et par son fonctionnement ultérieur en générant du trafic supplémentaire, dans une vallée alpine étroite et fragile où, le même Etat, refuse depuis des années de financer la maintenance d’une infrastructure ferroviaire présentant un énorme potentiel de développement.

Nous voyons dans l’arrêt actuel du chantier l’opportunité de mettre les paroles et les actes publics en cohérence, de proposer la révision du projet sur le principe d’une seule galerie de circulation et de faire officiellement un transfert de financement vers la ligne ferroviaire pour la rendre à nouveau opérationnelle pour des liaisons internationales de voyageurs et de fret. Nous osons espérer que l’Etat prendra la mesure de l’enjeu qui se joue dans la Roya, de même que sur la Côte d’Azur et la Riviera Italienne, du signal qu’il doit donner en incitant au transfert de la route vers le rail et qu’il optera pour un projet de transition écologique d’envergure.